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Le fact check de Fanny : Enfouissons-nous nos déchets de haute activité à 400 mètres de profondeur ?

Chez Nuclean, Fanny Kiekeboe ne se contente pas de rester à la surface, elle s'enfonce profondément dans la terre. C'est là qu'une entreprise de traitement des déchets fictive est en train de creuser un stockage souterrain pour déchets hautement radioactifs de longue durée de vie. Cette installation de stockage n'est pas née de l'imagination de Nix et Charel Cambré. La décision de principe d'enfouir ces déchets profondément dans le sol a déjà été prise en Belgique. Mais de quels déchets s'agit-il ? Et qui a eu l'idée de ce stockage géologique ? Comment éviter les déchets et réduire le nombre de fûts destinés à être entreposés à grande profondeur ? Voilà un sujet qui mérite d'être creusé...

© En collaboration avec De Standaard Uitgeverij. Toutes les illustrations et les intrigues leur appartiennent.

SCK CEN - De Kiekeboes - Hoogradioactief afval (2024)

Dans le fact check de Fanny intitulé « Les déchets de faible activité proviennent-ils des hôpitaux ? », vous avez déjà découvert comment les déchets des applications nucléaires sont d'abord triés et si possible récupérés. Les déchets qui sont trop radioactifs ou présentent une durée de vie trop longue sont finalement enfouis profondément dans le sol par l'ONDRAF. Avant cela, le SCK CEN met tout en œuvre pour réduire au minimum leur volume. Cette opération s'inscrit dans le cadre de notre connaissance du cycle de vie nucléaire, un des trois domaines de notre stratégie d'entreprise Exploring 2040.

Un bel exemple de cette économie circulaire est le projet RECUMO, dans le cadre duquel le SCK CEN et l'Institut National des Radioéléments (IRE) collaborent pour garantir l'approvisionnement des hôpitaux en radioisotopes médicaux. Nous y donnons une seconde vie pour les années à venir à des résidus hautement radioactifs provenant de la production de radioisotopes médicaux en les transformant en ‘cibles’ que nous pouvons à nouveau utiliser notamment pour produire de nouveaux radioisotopes.

SCK CEN - Veilige uitbating (2019)

Quels sont les déchets destinés à un stockage en profondeur ?

En Belgique, les déchets hautement radioactifs proviennent essentiellement du combustible nucléaire (retraité ou non) de nos centrales nucléaires. La Belgique n'a heureusement jamais produit de bombes nucléaires, et nous ne devons donc pas enfouir ce type de déchets. 

Saviez-vous que le SCK CEN ne s'occupe que des applications pacifiques de la science nucléaire ? Un de nos quatre principes de base proclame clairement notre opposition à la prolifération des armes nucléaires. Vous pouvez découvrir plus d'informations à propos de nos efforts pour éviter que la technologie nucléaire soit utilisée à mauvais escient dans le fact check de Fanny consacré à la « Non-prolifération ».

Mais les déchets hautement radioactifs ne seront pas les seuls à être enfouis profondément. En Belgique, les déchets de longue durée de vie se retrouveront également dans une installation de stockage de ce type. Cette décision a été prise par Arrêté royal du 28 octobre 2022. 

2023_SCKCEN_Radioactief-afval_CategorieB-C

Catégories des déchets

Si nous prenons la classification des déchets radioactifs en Belgique, ce sont donc les catégories de déchets B et C qui seront enfouies dans un site de stockage souterrain. Comme nous l'avons déjà dit, la catégorie C en Belgique est essentiellement constituée de combustible nucléaire (retraité ou non) provenant de nos centrales nucléaires et réacteurs de recherche.

Les déchets faisant partie de la catégorie B, à savoir les déchets de longue durée de vie de moyenne et faible activité, sont essentiellement issus de la fabrication et du retraitement du combustible nucléaire, de certaines autres activités dans les centrales nucléaires nécessitant l'utilisation de filtres et résines, et d'activités de démantèlement appelées à prendre une importance grandissante à l'avenir.

Des déchets, surtout de catégorie B et, dans une moindre mesure, de catégorie C, sont également produits dans d'autres branches de l'industrie nucléaire. Ainsi, des déchets sont également générés lors de la production de radioisotopes médicaux, dans laquelle notre réacteur BR2 joue un rôle extrêmement important au niveau mondial. 

©NIRAS
SCK CEN - De Kiekeboes - Hoogradioactief afval (2024)

Longtemps, ça veut dire quoi ?

Selon la définition, les déchets de longue durée de vie présentent une demi-vie de plus de 30 ans. Le guide de Fanny parle de plus de 200 000 ans, mais certains radioisotopes restent radioactifs pendant un million d'années ! Un chiffre qui donne le tournis. Avec un peu de chance, un être humain vit cent ans. Les plus anciens bâtiments et civilisations que nous connaissons ont tout au plus quelques milliers d'années. L'homme et l'environnement doivent donc être protégés des déchets radioactifs pendant une durée plus longue que tout ce que nous avons construit à ce jour, et même plus longtemps que la présence d'homo sapiens sur la terre. C'est ici que la géologie entre en scène.

Geology rocks!

Les strates géologiques existent depuis des millions d'années déjà, et on y trouve des systèmes qui n'ont rien perdu de leur stabilité pendant tout ce temps. En d'autres mots, ces couches de roche nous offrent une garantie que les bâtiments d’entreposage en surface ne peuvent pas donner. Cela permet d'y construire une installation de stockage. 

SCK CEN - Infrastructuur HADES (2019)

Recherche sur le stockage en profondeur ou géologique

Quand les premières centrales nucléaires commerciales entrèrent en service en Belgique dans le courant des années 70, nous sommes également devenus de véritables pionniers dans le domaine de la gestion à long terme des déchets hautement radioactifs et/ou des déchets de longue durée de vie. Nous avons commencé à étudier la possibilité de stocker des déchets radioactifs dans des couches d'argile profondes. C'est à cette époque qu'est né HADES, un laboratoire souterrain construit à 225 mètres de profondeur dans l'argile de Boom. Ce laboratoire est géré par EURIDICE, un partenariat noué entre le SCK CEN et l'ONDRAF

Saviez-vous que vous pouvez plonger virtuellement dans le cœur de HADES ? Le centre d'accueil et de rencontre Tabloo offre une lift experience qui vous emporte virtuellement dans les profondeurs de la terre.

L'activité des déchets

Le niveau d'activité joue un rôle essentiel dans la façon dont nous gérons les déchets radioactifs. Les déchets hautement radioactifs et/ou déchets de longue durée de vie sont enfouis dans le sol. Qu'entendons-nous par hautement radioactif ? L'activité des déchets est déterminée en mesurant le débit de dose au contact. Il s'agit de la dose à laquelle un individu est exposé en cas de contact avec le déchet.

Comment mesurer quelque chose que l'on ne peut ni voir, ni sentir, ni entendre ? C'est ce que vous découvrirez bientôt dans le fact check de Fanny consacré au thème « Mesurer la radioactivité » !

Nous distinguons trois niveaux d'activité :

  • Déchets de faible activité

    Mons de 5 milliSievert par heure

  • Déchets de moyenne activité

    Entre 5 milliSievert et 2 Sievert par heure

  • Déchets de haute activité

    plus de 2 Sievert par heure

2022_SCKCEN_EURIDICE_HADES_PRACLAY

De plus en plus chaud...

Le rayonnement hautement radioactif est tel qu'il émet de la chaleur lors de la décroissance radioactive. Ces fûts de déchets doivent d'abord refroidir un certain nombre de décennies en surface avant de pouvoir être enfouis dans une couche d'argile profonde. Dans le cas contraire, l'argile s'échaufferait trop, ce qui créerait des problèmes de sécurité. Comment réagit l'argile quand elle se réchauffe pendant une longue période de temps ? C'est ce qu'étudie aussi EURIDICE dans son expérience ‘PRACLAY’. 

Découvrez plus sur PRACLAY

2022_MYRRHA_Lood-bismut

Transmutation 

Le stockage en profondeur ou géologique est la destination finale la plus sûre et la plus responsable pour les déchets B et C. Entre-temps, la science va de l'avant et les chercheurs étudient également des technologies pour diviser le combustible usé en fractions. Chaque fraction peut alors être traitée de manière plus efficace et plus ciblée. Certaines de ces fractions peuvent être converties en substances moins radiotoxiques à courte durée de vie par transmutation. Avec son réacteur expérimental MYRRHA, le SCK CEN est à la pointe de la recherche sur cette technique prometteuse qui permettra d'optimiser le stockage géologique. 

Lisez plus à propos de cette première mondiale

Est-ce que nous enfouissons nos déchets hautement radioactifs à 400 mètres de profondeur ?

La décision de faire construire par l'ONDRAF une installation de stockage en profondeur pour nos déchets B et C a été prise au niveau politique en octobre 2022. Ce que l'on ignore encore, c'est l'endroit et la couche géologique dans lesquels celle-ci sera construite. Des décisions techniques doivent encore être prises à propos de la profondeur du stockage et de la longueur totale des galeries. C'est la mission de l'ONDRAF, qui étudie en étroite collaboration avec le SCK CEN la faisabilité, la sécurité et les exigences techniques de cette installation de stockage. Le stockage en profondeur dans l'argile est étudié depuis plus de 40 ans déjà dans le labo souterrain HADES.

Les dimensions que l'installation de stockage aura dépendront de la quantité de déchets qui devront y être enfouis. Mais l'on sait déjà qu'elle se composera de plusieurs kilomètres de galeries. Même si 50 kilomètres, comme ce qu'on peut lire dans la BD, semblent exagérés. Avec notre expertise et nos technologies, nous continuons à travailler sur l’optimisation de ce volume de déchets. Un certain nombre de nos projets qui doivent y contribuer sont ANUBIS, SMELD et RECUMO

Le site de stockage est-il pour demain ?

Le début de la construction d'une installation de stockage géologique n'est pas prévu avant plusieurs décennies. Celle-ci sera précédée d'un processus participatif pour créer l'assise sociétale nécessaire. Sur l'initiative de l'ONDRAF, la Fondation Roi Baudouin a organisé en 2023 et 2024 Présents pour le futur, un large débat sociétal sur la gestion future des déchets B et C. De nombreuses étapes seront encore nécessaires pour dégager une solution finale, étayée par les connaissances scientifiques du SCK CEN, de l'ONDRAF et d'EURIDICE. 

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