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Les Pays-Bas et la Belgique font bloc contre le cancer

14 juin '23

La coopération accélère le développement d’un traitement prometteur à base de terbium 161

Le cancer progresse partout dans le monde. L’entreprise néerlandaise TerThera et le centre de recherche nucléaire belge SCK CEN veulent y remédier. D’une signature fluide, ils se lancent pleinement dans la lutte contre le cancer : des connaissances uniques, des techniques avancées et un accès continu au... Gadolinium, un métal faisant partie des 17 terres rares. Il s’agit de la matière première essentielle pour obtenir du terbium 161, un nouveau « talent » parmi les radio-isotopes thérapeutiques.

SCK CEN - TerThera (2023)

Le terbium 161 est considéré comme l’un des radio-isotopes thérapeutiques de l’avenir. « Nous nous attendons à ce que les traitements ciblés contre le cancer à base de terbium 161 aient un effet thérapeutique plus important. Cela est dû aux caractéristiques du radio-isotope », indique Koen Hasaers, directeur de l’institut Nuclear Medical Applications au SCK CEN. Le terbium 161 a la particularité, lors de sa désintégration, d’émettre immédiatement une moyenne de deux électrons Auger de faible énergie par particule bêta. Une fois émis, ces électrons ne voyagent pas bien loin, à l’instar des particules alpha. Cela signifie qu’une dose plus importante peut être accumulée par injection, très localement près de la cellule cancéreuse. En théorie, une dose locale plus élevée équivaut à un effet thérapeutique plus élevé tout en épargnant les tissus sains.

« Cet effet thérapeutique doit encore être prouvé. Pour ce faire, davantage études (pré)cliniques sont nécessaires », poursuit Philippe van Overeem, CEO de TerThera. Pour mener ces recherches, du terbium 161 doit être mis à disposition. C’est la mission commune du centre de recherche nucléaire belge SCK CEN et de l’entreprise néerlandaise TerThera. Ensemble, ils s’occuperont du processus de production du terbium 161. Ce faisant, les deux partenaires souhaitent donner un coup d’accélérateur au développement de ce traitement prometteur contre le cancer. « Plus la quantité de terbium 161 disponible sera importante, plus nous pourrons effectuer des recherches et plus le radio-isotope arrivera rapidement chez le patient », explique-t-il. Cette coopération a été officiellement entérinée aujourd’hui par une signature.

SCK CEN - TerThera (2023)

Plus vite chez le patient

Le processus de production est divisé en plusieurs phases. Le terbium 161 est obtenu en irradiant du gadolinium 160 et en séparant le radio-isotope souhaité de la matière après irradiation. Le gadolinium fait partie des terres rares. Ce métal blanc argenté rutilant est une matière première très convoitée, ce qui explique pourquoi les réserves sont limitées. TerThera a un accès permanent à cette matière première, alors que le SCK CEN dispose des techniques de séparation en interne pour isoler du terbium 161 pur. Cet isotope pur est alors couplé à une molécule et transformé en produit radiopharmaceutique pour la recherche ultérieure.

L’industrie mondiale des soins de santé peut se réjouir de cet accord. Les deux partenaires ont tous les atouts en main pour assurer un approvisionnement constant en terbium 161. « Il y a des années, nous avons embarqué dans le train des radio-isotopes thérapeutiques. Notre destination finale, c’est d'apporter aux patients des traitements prometteurs contre le cancer. TerThera a embarqué dans le même train. Nous allons maintenant atteler nos wagons pour gagner en vitesse », précise Koen Hasaers (SCK CEN).

Recherche sur le cancer

Les patients atteints de cancer profitent de l’accélération conjointe du SCK CEN et de TerThera. « Une étude de cas récente a démontré que le volume de la tumeur diminuait et les métastases disparaissaient après une dose de terbium 161 chez un patient atteint d’un cancer de la prostate qui n’était plus traité de manière traditionnelle. Cela envoie un signal positif mais il faut poursuivre les recherches pour assurer le succès à grande échelle du traitement au terbium 161 », affirme Philippe van Overeem (TerThera). À ce jour, les études sur les traitements contre le cancer à base de terbium 161 se font attendre à cause d’une pénurie de la matière première, le gadolinium 160. La première étude (pré)clinique date de 1995. Par la suite, jusqu’à l’année dernière, seules 16 nouvelles publications ont suivi.

Maintenant que le terbium 161 est davantage disponible, une série d’études ont été lancées. À court terme, elles permettront de mieux comprendre l’effet thérapeutique et son utilisation optimale. TerThera soutient par exemple plusieurs initiatives dont la recherche fondamentale sur le fonctionnement exact des rayonnements dans le domaine de la radiobiologie. « Il va sans dire qu’en combinant nos forces, nous stimulerons grandement la recherche sur le cancer. Nous sommes donc ravis de pouvoir le faire », concluent les deux partenaires.

Radio-isotopes thérapeutiques : une définition

Les radio-isotopes thérapeutiques sont un maillon indispensable des traitements ciblés contre le cancer. Dans ces traitements, une molécule porteuse délivre avec précision un radio-isotope aux cellules cancéreuses. Une fois que la molécule porteuse s'est attachée ou incorporée à la cellule, le radio-isotope peut irradier la cellule cancéreuse. Les cellules cancéreuses sont endommagées, ce qui les fait mourir et la tumeur elle-même rétrécit en fin de compte.

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